Afin d’offrir un service public capable de répondre au mieux aux besoins des citoyens et d’assainir le fichier de la fonction publique en vue de la relance de l’économie, le ministre en charge de la fonction publique a initié une nouvelle forme de gestion de ressources humaines de l’état. Pour répondre à cet objectif Jean Marie Ogandaga dévoile lors d’un entretien à Ginewsexpress les stratégies mis en œuvre à cet effet. Paiement au trentième, avancement au mérite, suppression d’indemnité du service rendu autant des sujets évoqués également par le patron de la fonction publique.
Ginewsexpress: Nouvelle gestion des ressources humaines de l’état, de quoi s’agit-il ?
Jean Marie Ogandaga : Le nouveau système de gestion des agents publics trouve sa source sur la continuité de ce qui a été fait en 2015, notamment sur la mise en place du nouveau système de rémunération de l’agent de l’Etat. Or le salaire est la contre partie du service fait dans l’administration. Il était donc temps qu’après avoir amélioré les conditions de rémunération des agents que l’on pense à améliorer les conditions de travail. Dans cette perspective, il s’agit de mieux gérer les agents pour améliorer la performance globale de la fonction publique. Cela voudrait dire d’apporter les réponses aux besoins exprimés d’une part par les citoyens et d’autres part par les services opérationnels en matière de profils, d’activité et de compétence recherchés.
Ginewsexpress: Pour quelles raisons revoir le système de gestion de l’agent de l’Etat ?
Jean Marie Ogandaga : La fonction publique gabonaise est confrontée depuis plus de deux décennies à une hausse croissante de ses effectifs sans lien entre cette croissance et les besoins encore moins avec la qualité du service public. Or aujourd’hui la crise économique que traverse notre pays impose à notre administration à être un atout au développement du Gabon et non le contraire. C’est dans ce contexte qu’il est nécessaire de passer de la gestion administrative actuelle à une authentique gestion des ressources humaines. L’objectif est d’avoir une administration de développement, de productivité au bénéfice des populations.
Ginewsexpress: Le Gabon est-il outillé pour mettre en musique une telle réforme ?
Jean Marie Ogandaga : La banque mondiale a accepté de nous accompagner dans la mise en œuvre de ces nouveaux outils, tel que la gestion publique des emplois et des compétences, la codification des structures, l’évaluation des performances des agents publics, le cadre juridique de gestion des ressources humaines, le système intégré d’information de gestion des ressources humaines et de la paie. Ces outilles permettront de mettre en adéquation les effectifs publics avec les missions, les objectifs, les priorités et les ressources de l’Etat.
Ginewsexpress: En quoi cette réforme est-elle indispensable à la fois pour les fonctionnaires et pour l’administration ?
Jean Marie Ogandaga : La réforme n’est pas une option mais une obligation. Il faut adapter notre administration au contexte du moment, aux impératifs du développement. Il faut que notre administration cesse d’être une administration vilipendée, elle doit être capable d’apporter la solution aux problèmes que nous posons. Cette réforme ne vient pas supprimer les avantages acquis, elle vient renforcer les outils de gestion dont dispose l’administration et qui ne lui permettait pas de travailler.
Ginewsexpress: Le conseil des ministres du 23 février 2018 a adopté plusieurs mesures concernant la fonction publique, s’agissant de la paie au trentième qu’en est-il concrètement ?
Jean Marie Ogandaga : Je tiens d’abord à préciser que les salaires seront toujours payés chaque 25 du mois. Ici il question de faire respecter la loi tiré de l’article 42 extrait de la loi numéro 1/2005 du 4 février 2005 portant statut général de la fonction publique dans son alinéa 1 qui stipule « l’agent public est tenu d’occuper l’emploi auquel il est nommé et le poste d’affectation correspondant sous peine de sanction disciplinaire pour abandon de poste …» Ces mesures contenu dans cet article disent clairement que si vous êtes absent de votre lieu de travail sans justification vous ne serrez pas payé ces jours. Ces disposions existent depuis nous avons fait que mettre à jour ce que la loi avait déjà prévu.
Ginewsexpress: Et la problématique de l’avancement automatique au profit de l’avancement au mérite ?
Jean Marie Ogandaga : L’avancement automatique c’est à l’ancienneté, or on n’avance pas parce qu’on est ancien. C’est plutôt après avoir acquière des compétences. L’avancement au mérite est à la suite d’évaluation, nous sommes rentrés dans l’air de la gestion provisionnelle des emplois et des compétences.
Ginewsexpress : Est-ce pour cela qu’a été supprimé l’indemnité des services rendus ?
Jean Marie Ogandaga : L’indemnité du service rendu est une disposition copiée in extenso au secteur privé. Sans avoir les mêmes outils et les mêmes contraintes que le secteur privé. C’est une disposition des agents qui ne font pas carrière parce que le service rendu c’est la reconnaissance du temps que vous passez dans une entreprise ou un emploi. Nous l’avons supprimé pour être mis dans le cadre réglementaire, toutes dispositions en rapport avec la rémunération ne peuvent pas être dans la loi. Dans ce sens nous avons pris un texte qui doit encadrer le service rendu.
Ginewsexpress : Mais que en est-il de la suspension des recrutements décidé par le gouvernement ?
Jean Marie Ogandaga : C’est une mesure qui s’est imposée à nous pour faire le bilan des ressources humaines. De ce qu’il y’a, ce qui manque et ce qu’il faut. Il était donc nécessaire de redéfinir la taille de notre fichier de l’administration, organiser les fiches d’emplois et le type d’emplois dont nous avons besoin et les fiches de postes. La banque mondiale nous a proposé trois années mais nous avons opté pour un an afin de mener à terme ce travail.
Un mot de fin…
La réforme s’adresse tout d’abord à nous responsable d’administration, pour mettre en œuvre l’amélioration d’espace et de condition de travail. Aucun agent ne peut devenir performant si les conditions de travail ne s’y prêtent pas. Et cela se fera au cas pas cas…
Propos recueillis par Nathan Moore