Ginews: Monsieur le Président bonjour ! Depuis quelque temps vous ne vous exprimez plus dans les médias, quelle explication ?
Francis Jean jacques EVOUNA : Bonjour messieurs les éducateurs des masses ! Oui j’ai sciemment décidé de garder un temps soit peu le silence pour permettre à celui ou à ceux à qui je m’adresse, je transmets des messages ou à qui je donnes des informations puissent les comprendre, les analyser puis réagir. Je ne voudrais pas ici rentrer dans un cours de la communication qui est un échange entre deux ou plusieurs personnes mais juste justifier mon silence que je n’étais pas prêt de rompre mais voudrais simplement réagir à vos sollicitudes incessantes.
Ginews: Monsieur le Président ! Notre pays vit politiquement sous oxygène, une possible explosion latente qui au fil des jours peu compromettre notre vivre ensemble, notre paix civile. Ajouté à cela l’état de santé du Chef de l’Etat et son indisponibilité temporaire donc la Cour Constitutionnelle a été obligé de rajouter à notre loi fondamentale. Tout ceci reste un mystère au regard du constat que le peuple gabonais fait de cette situation. En homme averti quel est votre point de vue face à cet état de faits ?
Francis Jean Jacques EVOUNA : Votre question est de mon point de vue une question très politique et mérite également de ma part une réponse très politique, même si je ne suis pas un spécialiste de la question politique. Je vous dirais de prime abord que je suis un libéral, j’ai cet état d’esprit c’est-à-dire un tempérament et cette sensibilité. Permettez que je m’inspire d’un grand philosophe du nom de Benjamin CONSTANT, qui en (1767-1830) a posé les premiers principes du libéralisme politique au fil des textes réunis dans son Cours de politique constitutionnelle de (1818). La Révolution et ses suites ont démontré les difficultés de l’instauration de la liberté, le mouvement amorcé s’avérera irréversible. Contestées idéologiquement, ébranlées socialement, vaincues politiquement, les monarchies absolues sont – malgré leur résistance – contraintes de s’effacer. Le XIXe siècle connaît ainsi une extension continue des régimes libéraux à travers toute l’Europe. Dans le même temps, les doctrines libérales dominent sans partage jusqu’à l’émergence du socialisme, vers la fin du siècle. Le libéralisme apparaît donc triomphant, et impose l’État libéral comme modèle d’organisation de la société. Après cette période euphorique, les problèmes grandissent. Le libéralisme, en effet, a été conçu dans un contexte d’une société pré-industrielle, puis s’est développé avec la révolution industrielle. Nous allons être face à deux tendances du libéralisme : celui de l’âge de la démocratisation, ou celui de l’acceptation de la démocratie moyennant la pondération de la puissance de l’État sur la société. La caractéristique du libéralisme de cette époque demeure toujours l’établissement d’une société juste, libre et stable, impliquant le rejet des solutions autoritaires et des transformations révolutionnaires, qui d’ailleurs se recoupent en partie chez certains courants de pensée. Pour éviter toute dérive des institutions, les libéraux ont mis l’accent sur la nécessité de pondérer la puissance de l’État sur la société, en limitant le rôle de ce dernier et en recherchant un équilibre entre les différents pouvoirs publics. L’existence de ces deux tendances, convergentes dans leurs préoccupations ramenant chacune d’elles à un trait général essentiel. Le libéralisme de délimitation, peu intéressé par l’examen des rouages internes de l’appareil politique et administratif, soucieux avant tout de borner l’étendu des pouvoirs de L’État, et un libéralisme de fragmentation, qui admet de plus en plus l’extension du rôle des pouvoirs publics, mais en duelle par une répartition équilibrée des compétences entre ceux –ci. Ceci dit, vous vivez au Gabon comme moi et vous avez la version ou mieux la position des autorités habilitées à donner les informations au peuple tant en ce qui concerne la santé du Président de la République, Chef de l’État qui peut avoir comme tout être humain des problèmes de santé que sur les dispositions introduites par la Cour Constitutionnelle à l’article 13 de la loi fondamentale dont vous faites allusion pour pallier à cette situation. Il faut vous rappeler que les activités sociales réglées par l’État doivent être clairement distinguées des intérêts privés, où priment les libertés individuelles. Pour cela, il est nécessaire d’établir des institutions qui définissent ces champs de compétences et assurent la sauvegarde de la liberté : c’est le premier objet de la Constitution. Celle-ci doit définir le pouvoir de l’État, mais aussi régler la dévolution et l’organisation du pouvoir afin d’éviter que sa croissance inconsidérée n’aboutisse à l’arbitraire et ne remette en cause les droits des citoyens. C’est donc une sorte d’État minimaliste que prône CONSTANT, mais sans dire précisément en quoi consiste cet État ni quel doit être son champ d’action. Je voudrais vous dire que les fils et filles du Gabon doivent se parler c’est une condition sine quoi non pour le plus grand bien de notre cher pays mais aussi doivent se pardonner car le pardon est un élément crucial au cœur de l’amour du prochain et c’est dans l’amour que peut se construire un Gabon harmonieux et en paix pour le bonheur de son peuple. C’est vrai qu’il y a un malaise profond persistant qui laisse penser à une éventuelle révolte populaire en cours qui peut à tout moment ébranler notre paix civile, on n’a pas besoin d’en arriver là pour détruire cet élément essentiel de notre vivre ensemble. Notre pays peu peuplé n’a nullement besoin de vivre ce genre d’évènement. Je reste convaincu que nous devions transcender sur ce qui nous divise et ne privilégier que ce qui nous uni en réalité l’amour de l’autre qui dépasse toute autre considération pour le bien de notre Gabon d’abord. Tel est mon point de vue sur cette question.
Ginews :La recherche de l’égalité est inhérente à la nature humaine. Or, les hommes préfèrent l’égalité à la liberté qui est pourtant le cœur même de la démocratie, au regard de votre posture de libéral qu’en pensez vous ?
Francis Jean Jacques EVOUNA : C’est vrai en effet que les hommes ont pour l’égalité une passion ardente, insatiable, éternelle et invincible selon Alexis de TOCQUEVILLE. Il faut dire que le développement de l’égalité est inéluctable. Le goût pour l’égalité est tel qu’effectivement les hommes la préfèrent à la liberté. TOCQUEVILLE va plus loin en expliquant que la liberté donne de temps en temps, à un certain nombre de citoyens, de sublimes plaisirs. L’égalité fournit chaque jour une multitude de petites jouissances à chaque homme. Dès lors, il convient de dire que l’égalité est la loi de la démocratie. Je pense qu’il ne faut pas s’opposer à la démocratie mais faire naitre en son sein la liberté. Je pourrais donc définir la démocratie, comme étant la liberté combinée avec l’égalité.C’est pourquoi, il faut apprendre aux hommes à vivre leur égalité dans la liberté au lieu de la subir dans l’asservissement. Pour bien comprendre l’opposition qui se fait jour entre l’Etat et la démocratie, il faut préalablement établir une distinction entre l’Etat et le politique, ou entre l’Etat et le pouvoir ? Pour ceux qui pensent que l’Etat épuise effectivement ou doit s’efforcer d’épuiser le politique, il est évident que toute manifestation extra-étatique qui vise l’organisation de la société dans son ensemble -c’est-a-dire qui cherche à s’emparer d’une compétence conçue à priori comme strictement étatique – ne peut que paraître menaçante. Une position démocratique doit précisément valoriser ces manifestations menaçantes, ce que l’on pourrait nommer la politique non étatique ou, plus concrètement, tout ce qui vient agir de l’extérieur sur l’appareil étatique. C’est pourquoi, elle peut elle-même être identifiée à une menace contre l’Etat, la défense de ce dernier impliquant par conséquent la critique de la première. En tant que libéral alors, je voudrais terminer sur cette question en réclamant moins de gouvernement dans les affaires et plus d’affaires dans le gouvernement en réalité dire qu’entre le libéralisme économique et le libéralisme politique, c’est à l’évidence le premier qui doit primer, le second n’ayant comme finalité que de créer les conditions de réussite du premier.
Ginews: Le mot est lâché monsieur le président: le libéralisme économique. Nous allons aborder les questions sur l’économie. La première est de savoir, si notre pays fonctionne selon le système libéral ? La deuxième serait comment notre pays à travers le gouvernement qui a eu l’appui du FMI pour son plan de relance économique (PRE) sur trois ans, c’est-à-dire 2017-2019, a traduit en actes celui-ci. Vous qui êtes dans le domaine que faut–il retenir de ce plan de relance économique ? Le monde de l’entreprise trouve t-il son compte ?
Francis Jean Jacques EVOUNA : C’est une question multidimensionnelle très intéressante car les deux libéralismes dont j’ai évoqué tantôt ont en commun la volonté d’affirmer une certaine autonomie de la vie sociale et économique par rapport au pouvoir politique. Toute politique publique doit donc soutenir la compétitivité et la croissance des entreprises. Car l’entreprise est avant tout une communauté humaine, une aventure collective qui associe un chef d’entreprise, des salariés, et au-delà tout un réseau de fournisseurs, de clients, d’investisseurs, d’associations diverses…L’entreprise détient 80% des remèdes aux maux qui minent le pays : celui du pouvoir d’achat et au-delà de la fierté, celui du défi et de la réalisation personnelle et collective… C’est avant tout un lieu où l’on peut avoir un emploi et un métier, et donc une existence personnelle et sociale, en un mot un avenir. Ceci rappelé, je vais encore m’inspirer par une imminente personnalité : James BURNHAM qui dans son livre sous titré : « TheManagerial Révolution »publié en 1947, disait, « La société contemporaine est fondée sur le primat de l’économique ; le progrès y repose sur la croissance économique ». Il va plus loin en affirmant que ce sont les techniciens de l’économie- des managers- en réalité des entrepreneurs- que dépend le bon fonctionnement de la société industrielle, et plus encore post-industrielle. Je pense que vous avez là à travers cette pensée de James BURNHAM, la réponse de votre première question sur le système libéral de notre économie. Venant à votre deuxième question : Je voudrais vous dire que face à des situations périlleuses que traversent notre pays, le Gabon a reculé économiquement et socialement, ce qui entraine un malaise social, sur fond de culture de la grève et du conflit social. Il nous faut traiter ce malaise en profondeur, celui-ci ayant pour origine la frontière entre l’économique et le social. Le gouvernement l’a certainement compris, c’est pourquoi, il avait pensé mettre en place pour donner une réponse à cette grave crise économique car c’est l’économie qui tire le social par le haut, un plan de relance économique (PRE) avec l’appui du Fonds Monétaire International. Ce plan d’une durée de Trois (3) ans repose sur cinq programmes à savoir : Optimiser les recettes et le financement de l’économie ; Maitriser les dépenses ; renforcer la compétitivité des filières « moteur de croissance » ; améliorer le cadre des affaires pour faciliter l’initiative privée ; améliorer la qualité des services dus aux citoyens. Or, nous constatons que notre pays reste coincé dans le déficit qui fait que les dépenses de l’État sont toujours supérieures aux recettes.Ce déficit chronique se transforme malheureusement en une dette colossale pour notre pays malgré les satisfécits du FMI à nos gouvernants.Le FMI n’a pas encore mis entièrement à disposition les 642 millions de dollars octroyés à notre pays en appui au plan de relance soit 371 Milliards de FCFA. D’ailleurs, je lance un vibrant appel au FMI que j’ai rencontré avec le Conseil Exécutif du CGP il y a quelques jours , dans le cadre de nos réunions de travail, aux fins d’accélérer le dernier versement du reliquat des fonds mis à la disposition du Gabon dans le cadre du mécanisme élargie de crédit (MECD) soit environ 111,9 milliards de FCFA dont je formule le vœu qu’il soit plutôt utilisé entièrement pour régler significativement la dette intérieure afin de relancer véritablement notre économie et subsidiairement payer la dette extérieure pour respecter nos engagements envers le monde financier international. Que retenir du plan de relance économique à ce stade, sachant que nous sommes en 2019, année prévue pour la fin de celui-ci.Je pense qu’il faut poursuivre le programme sur trois nouvelles années, car il me paraît important de privilégier de façon effective l’apurement de la dette intérieure pour réellement booster l’économie malgré les multitudes d’audits qui me semblent aussi être de nature à rallonger les délais voire à gagner du temps pour régler cette épineuse question de la dette intérieure de l’État vis à vis du secteur privé mieux celle spécifique concernant les PME. Le paiement de la dette de l’État envers les entreprises devrait créer les conditions optimales d’une véritable relance économique car le rôle de pilier économique des PME font d’elles des facteurs clés de compétitivité dans la bataille économique que les pays se livrent.C’est elles qui créent la richesse ; créent les emplois et constituent des moteurs de croissance. La dette de L’État envers les PME constitue la plus grosse difficulté à leur développement, à leur innovation et leur épanouissement.À mon humble avis, il y a encore des segments dans ce plan de relance économique à parfaire et je pense que le FMI et le Gouvernement devraient s’y atteler pour sa réussite et sa bonne fin car même si le déficit budgétaire et le taux de croissance ne sont pas les seuls indicateurs valables en économie, sachant qu’ils ne sont que les résultantes de la distorsion profonde observée dans la production nationale. Il est important de rappeler que toute stratégie de relance économique qui n’est pas fondée sur le réajustement, le renforcement et l’optimisation de la production nationale est vouée à l’échec. Le moteur d’une croissance est sa production nationale car elle est à la base de la variation du taux de croissance et de la maitrise du budget d’un pays. C’est pourquoi, toute option de mise en œuvre de la relance économique doit être obligatoirement fondée sur la correction de celle-ci.
Ginews: Monsieur le Président ! Parlant de la dette intérieure de l’État envers les entreprises et plus particulièrement celle envers la PME. Où en sommes nous du règlement de celle-ci avec le Club de Libreville et les banques ?
Francis Jean Jacques EVOUNA : Je pense que j’ai l’habitude de vous dire franchement les choses. La dette, lorsqu’elle est utilisée de façon judicieuse, peut aider notre pays à parvenir à une croissance durable et inclusive. Mais le niveau assez élevé d’endettement qui atteint presque 64% disons 57% du PIB n’est pas encourageant. En matière de dette publique, elle doit être un endettement viable et dont le service devrait assuré dans des contextes très divers un coût raisonnable, par une augmentation de l’efficacité de la mobilisation des ressources et l’efficience des dépenses publiques, ainsi que le renforcement de la gouvernance et de la transparence de la dette. Ce n’est que dans ces conditions que nous pourrons réduire le risque de coûteuses tensions liées à l’endettement, soutenir le développement du secteur financier et réduire la volatilité macroéconomique.Je voudrais me permettre un conseil aux décideurs, c’est de mieux gérer sa dette et préserver les dépenses indispensables aux services sociaux et publics qui pourraient être compromises par une hausse exponentielle des paiements au titre du service de la dette. Ceci dit, je pense que le règlement de la dette par le Club de Libreville tel qu’il fonctionne actuellement reste pour moi un mécanisme vicié et ne concours en rien au redémarrage de notre économie. On déshabille le Trésor public de ses prérogatives de banquier de l’État pour les attribuer à des privés, le fameux Groupement d’Intérêts Économiques (GIE) bras séculier du Club de Libreville. Les banques jouent leurs partitions puisqu’il a été convenu entre elles et l’état qui est le vrai débiteur envers les entreprises que celui-ci verserait 5 milliards chaque 5 du mois aux banques sur une durée de 74 mois pour un apurement en douceur d’une dette d’un premier montant de 310 Milliards en réalité ce sont 400 Milliards de FCFA qui sont reconnus pour l’instant par l’État. Ce niveau de dette ne tient pas compte des instances au Trésor public ni de la TVA. Il faut comprendre que la dette pourra connaître une hausse importante après les résultats de l’audit qui est en cours chez Price Water House. Vous posez la question de savoir où en sommes nous quand à la procédure de paiement ? Je vous signale que les versements prévus mensuellement par l’État aux banques se font en dents de scie. A ce jour, il y a quatre (4) échéances en retard soit 20 milliards de FCFA. Les banques aussi dans le cadre des rachats de créances privilégient leurs clients qui sont débiteurs chez elles en intégrant également les indications de la COBAC, évidemment à des taux assez élevés partant des décotes pratiquées au niveau de l’Etat, des frais à débourser au Club de Libreville via son GIE sans oublier le taux prélevé par les banques, tout ceci dépasse la barre des 15% et cet état de fait n’est pas de nature à favoriser l’innovation, l’embauche ni même la croissance économique tant souhaitée par tous. Il nous faut revisiter le mécanisme appelé Club de Libreville car il n’est pas adapter aux besoins de notre économie et même qu’il constitue un gros handicap au plan de relance économique (PRE). Sans vouloir m’étendre plus longtemps sur la question, tel est mon avis.
Ginews: Et Sur le plan social, monsieur le président, le gouvernement fait face à plusieurs grèves dans pas mal de secteurs d’activités, les mesures prises lors du Conseil des Ministres du 21 Juin 2018, sont à l’origine de cette grogne. Votre commentaire ?
Francis Jean Jacques EVOUNA : Il faut vous rappeler que l’objectif de la politique sociale est de corriger les inégalités de revenus et de lutter contre la pauvreté. Elle est organisée autour du principe de solidarité. N’oublions pas que l’État providence n’est plus d’actualité car c’est cet État mieux encore cet État providence qui avait pour mission d’assurer la solidarité entre les citoyens. Dans un premier temps, je vous dirais que dans leur gestion du pays, nos gouvernants devraient davantage s’inspirer des méthodes de gestion, de management, de productivité et de stratégie pratiquées dans nos entreprises, car c’est ainsi qu’il deviendrait possible de redresser la productivité d’une puissance publique devenue obèse.Notre pays n’a jamais été en manque de liquidités comme maintenant. La crise financière qui est consécutive à l’effondrement des cours du pétrole depuis 2014 constitue la cause de cette hémorragie socio-économique qui affecte non seulement notre économie mais aussi, tous les secteurs qui subissent les affres de cette crise. Répondant de façon plus précise à votre question, je me dois de vous rappeler que le principe d’égalité est reconnu comme une valeur constitutionnelle. Cela veut dire que toutes les lois et toutes les décisions administratives doivent respecter ce principe d’égalité des droits. La conception juridique issue de la Révolution française, qui a fondé le principe d’égalité, n’a pas pu empêcher que des inégalités économiques, sociales, culturelles persistent, voire se développent. Une inégalité ne doit pas être confondue avec une différence. Une différence quelconque entre deux individus ou deux groupes d’individus ne devient une inégalité qu’à partir du moment où elle est traduite en termes d’avantages ou de désavantages par rapport à une échelle de valeurs. Votre question m’amène toutefois à parler succinctement de l’égalité, de l’équité et de justice sociale. On distingue d’abord l’égalité civile ou juridique, acquise avec la fin de la féodalité. Ainsi, tous les hommes naissent libres et égaux en droit. Quels sont ces droits ? Il s’agit de l’interdiction de l’esclavage et su servage, de l’égalité de traitement devant la justice, du droit de propriété, de la liberté de pensée, d’aller et venir etc.… Il y a ensuite l’égalité politique, obtenue progressivement dans notre pays depuis quelques décennies. Le droit de vote pour tous les adultes, hommes et femmes, le droit d’être élu, la liberté de réunion et la liberté d’association sous forme de partis politiques par exemple permettent l’égalité entre citoyens. Même l’égalité de droit entre les hommes n’est pas toujours une égalité de fait c’est à dire observée dans la vie réelle. L’égalité civile et l’égalité politique sont en grande partie assurées même si elles restent à parfaire. Par contre il n’en est rien pour l’égalité économique et sociale. Les inégalités économiques correspondent aux différences de revenus ou patrimoines entre individus. Les inégalité sociales, très diverses sont difficilement mesurables. On peut citer celles face aux études et à l’éducation, devant la mort, devant la culture. Pour tous ces domaines, les individus ne bénéficient pas des mêmes chances en raison de leur position différente dans l’échelle sociale. L’équité est définie comme la caractéristique des politiques ou des mesures prise par les pouvoirs publics qui visent à rendre effective et réelle l’égalité des chances. La recherche d’une véritable égalité des chances passe par des mesures qui s’éloignent parfois de l’égalité arithmétique. Ainsi, la progressivité de l’impôt sur le revenu constitue une application équitable d’égalité : tous les individus ne pays pas le même impôt, et les plus fortunés versent d’autant plus que leurs revenus sont élevées, ce qui doit conduire à une réduction des inégalités. Je vais terminé avec la justice sociale par laquelle le philosophe Jean Jacques ROUSSEAU a montré qu’une société pouvait être menacée si les riches étaient trop riches et les pauvres trop pauvres. Le lien social, le contrat social qui fait que les individus acceptent de vivre ensemble et d’avoir des relations sociales stables. Lutter contre les inégalités trop criantes est donc nécessaire à la survie même de la société démocratique. La justice sociale est donc une conception qui prône la recherche d’une plus grande équité dans la répartition des richesses. Venant aux mesures gouvernementales du Conseil des ministres du 21Juin 2018, Je pense l’avoir déjà dit, il faut mettre en place « un pacte de responsabilité et de solidarité » ce que j’appelle « un grand compromis social » donc le cœur serait la redéfinition des salaires et du coût du travail. Ce pacte marquera un vrai changement dans les orientations de la politique économique et sociale, l’objectif étant de restaurer la confiance. Il y a urgence pour le gouvernement d’ouvrir ce grand débat national afin de permettre la mise en place des conditionnalités cette accalmie sociale et d’un retour à la vie normale qui nous conduira vers un développement harmonieux et durable de notre pays.
Ginews: Monsieur le Président, votre mot de fin !
Francis Jean Jacques EVOUNA : Pour clore notre entretien, je veux rappeler à nos autorités que l’échiquier économique est mondial. C’est une règle que nos politiques ont parfois tendance à oublier. Notre pays évolue dans un environnement politique, économique et social mondialisé. On ne peut pas mettre les barbelés et des miradors autour des frontières gabonaises, pour éviter la mondialisation de l’économie et parfois sa brutalité ou ses excès. Il faut à la fois accepter les règles du jeu de cette mondialisation pour avancer, et en parallèle faire en sorte que le Gabon soit lui même un état fort, irréprochable, prospère donc qui pèse sur l’échiquier d’abord sous régional puis au-delà. Il doit avoir comme première arme, l’arme économique. Un Gabon économiquement fort fera valoir sa voix sur le plan politique et dans la sphère mondiale.
À l’interne, nos gouvernants doivent instaurer un dialogue permanent sur tous les sujets qui concernent le bien être de ses populations. L’utilité de cette concertation permanente permettra de façon constante à prendre de bonnes décisions qui seront frappées du sceau du consensus ce qui rendrait celles-ci moins contestables. Je vous remercie….
La rédaction