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Harcèlement sexuel : le geste de trop!

Une fois encore, le harcèlement en milieu universitaire fait des victimes. Et comme toujours, le non-dit s’impose. Un silence nauséeux, une complicité vicieuse. Est-ce que la justice peut se faire ? En toute sérénité. Protéger et prévenir.

Il y a bien longtemps que les faits sont connus, mais par un effet de camouflage, ils ne remontent jamais à la surface. Une étudiante que son professeur convoite, quelques gestes déplacés au départ, puis une insistance grandissante. Au terme, les menaces et la « sanction ». Un zéro pointé à l’examen. Dans le jargon estudiantin, on appelle ça les « moyennes sexuellement transmissibles ». Pour Josiane, un prénom d’emprunt et qui témoigne à visage couvert, « le professeur au lycée a commencé à me faire des avances. Je ne voulais pas, j’ai résisté, ça a duré des semaines et à la fin, il m’a collé un zéro. Mais je suis fière de ne pas avoir cédé. »

L’enquête a été menée conjointement entre l’AFP et Le Monde. Elle concernait des générations d’élèves différents, des garçons, comme des filles. Et ce phénomène n’est pas nouveau, mais jamais encore, il n’a passé le stade de l’accusation, sans que des poursuites soient engagées ou des preuves portées aux dossiers. Des filles donc le plus souvent, mais des garçons aussi. Leader étudiant, Franck Matoundou évoque ainsi le cas d’élèves ayant subi les mêmes sanctions « parce que leurs petites amies avaient refusé les avances des enseignants. » Face à cette situation, certaines ont dû changer de filière.

Quand la peur de témoigner interdit toute enquête

L’enquête est grave et il fallait aussi donner la parole au corps enseignant. De ce côté, on ne conteste pas formellement les faits mais on demande des preuves. Certains, les plus virulents, accusent les plus médiocres de leurs élèves de leur avoir proposé des « services sexuels », moyennant de fortes rétributions ou des notes élogieuses. La situation semble dans une impasse nauséeuse. Le prof est accusé d’être un prédateur sexuel, la jeune fille, une prostituée en devenir et les pouvoir publics, comme frappés de cécité. La situation est à ce point viciée que tout changement de note est considéré comme sujet à caution. Interrogé par l’AFP, Valéry Mimba, chef du département d’études ibériques, « quand la note de certaines étudiantes remonte, on va tout de suite penser qu’elle a couché avec son enseignant. »

En 2012, le chef de l’Etat, Ali Bongo, était directement intervenu sur le dossier. Il dénonçait « le harcèlement sexuel et le trafic d’influence qui prend de l’ampleur et démotive les personnes compétentes. »On peut juste regretter aujourd’hui que la peur de témoigner interdise toute enquête. Regrettable aussi, que des professeurs intègres acceptent cette omerta. Triste enfin que l’administration ne prenne toutes ses responsabilités. Un représentant du ministère le disait alors : « S’il y a des preuves incontestables sur un enseignants coupables, que la loi s’exerce dans toute sa rigueur. » L’arsenal judiciaire est là, les convictions aussi et l’intégrité n’est pas un vain mot. Les enfants, les parents, les professeurs ont tous besoin de justice. Quant aux autres…

 

« Le professeur a commencé à me faire des avances. (…)J’ai résisté, ça a duré des semaines et à la fin, il m’a collé un zéro. »

Roger Calmé

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