La politique de sécurité sociale gabonaise, est en train de perdre toute sa cohérence. Les problèmes s’enchaînent et nombreux sont les assurés voir les patients qui sont confrontés chaque jour aux limites d’une politique de sécurité sociale qui donne l’impression d’une gestion approximative des besoins. Du coup, la CNSS vit une frise sans précédent, qui semble contaminer la CNAMGS. Ces deux structures en charge de la politique de sécurité sociale en terre gabonaise, ont pour dénominateur commun : le risque d’une faillite annoncée.
Pour parler de la première, c’est-à-dire, la CNSS, sa trésorerie fait face à un déséquilibre engendré par le déficit d’un recouvrement inefficace, et d’une dette étatique qui pèse lourd. Conséquence : la CNSS bat de l’aile depuis lors, et la nomination en juin dernier d’un administrateur provisoire par le gouvernement, n’a toujours pas permis de ramener la sérénité.
Et malgré cette tentative de sauvetage, on a l’impression que même sort est en train de gagner la CNAMGS. Le pire de tout cela, c’est que le gouvernement attend que les choses s’aggravent comme ça été le cas avec la CNSS, avant de prendre des réformes pour son redressement. On ne peut pas dire que ce gouvernement ne soit au courant de rien, notamment des pratiques douteuses qui s’y pratiquent.
Même la direction générale des recherches (DGR) a déjà alerté sur des pratiques peu orthodoxes dont se rendrait coupable la direction générale de cette entité de prestations sociales.
La cour des comptes vas également de son investigation. Car en juin 2021, le gendarme financier de l’État a donné un « avis défavorable par rapport à la demande formulée par le directeur général de la CNAMGS sur l’application, à l’organisme qu’il administre, du décret n°0087/PR/MBCP du 30 mars 2021 portant modification de certaines dispositions du décret n°295/PR/MBCPFRE du 30 juin 2020 fixant le plafonnement des rémunérations des présidents du conseil d’administration et des vice-présidents ainsi que des personnels des établissements publics, des entreprises publiques et des sociétés d’État ».
Cet avis de la Cour des comptes faisait, en fait, référence, à la décision unilatérale du directoire de relever les revenus mensuels des cadres dirigeants de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale. Elle avait donc considéré que les rémunérations de ces cadres dirigeants n’étaient pas conformes au décret 0087 précité.
Car, faisait-elle observer, qu’ elles sont supérieures au plafond maximum fixé par l’annexe du décret du 30 mars 2021. Malgré cet avis, le directeur général de la CNAMGS a ordonné le paiement des nouveaux salaires. Comme quoi, ceux qui managent la politique de sécurité sociale au Gabon, ont d’abord pour souci de se servir et non de servir le commun des gabonais.
Mis sur le fait accompli, le président de la Cour des comptes, Gilbert Ngoulakia, a dû s’adresser par courrier à l’agent comptable de cette Caisse. « En requérant le paiement des salaires en question, l’ordonnateur de la CNAMGS a engagé sa responsabilité personnelle et pécuniaire. Il revient ainsi au conseil d’administration d’arrêter la rémunération des cadres dirigeants, en se conformant aux montants fixés par l’annexe du décret n°0087/PR/MBCP du 30 mars 2021 », peut-on s’enquérir sur la lettre du président de la Cour des comptes.
Avantages compris, l’annexe en question indique par exemple que le salaire du directeur général ne doit pas être au-dessus de 4,250 millions par mois. À la lecture de la correspondance de la Cour des comptes, il ne fait aucun doute que l’intéressé perçoit bien plus que ça. On devrait se demander, pour quel rendement ?
Même le ministre des Affaires sociales de l’époque, Prisca Koho Nlend avait déjà dénoncé ces agissements peu orthodoxes. C’était au cours d’une réunion de crise avec les directeurs généraux des deux organismes de prestations sociales à savoir la CNSS et la CNAMGS.
Pour ainsi dire, le ministre Guy Patrick Obiang Ndong, lors de ses réunions de prises de contact à la tête du département ministériel précité, a également fait le même reproche. Pourtant ces mises en garde semblent ne pas avoir un écho favorable auprès des managers concernés.
Il y a de quoi se demander à quoi jouent donc ces managers ? Car on a comme l’impression qu’ils ne mesurent pas l’impact de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale sur la vision sociale du président de la République, Ali Bongo Ondimba, lequel a innové de cette structure pour accompagner ses compatriotes dans leurs dépenses de santé. On parle donc d’un établissement mis en place par le premier des gabonais, pour améliorer les conditions de vie de son peuple. Et non pour profiter uniquement aux seuls responsables de ces structures.
Car au besoin de le dire, les salaires des cadres dirigeants de la CNAMGS sont éloignés aujourd’hui du plafond fixé par les textes réglementaires. Ce qui, petit à petit, conduit l’entité vers un déséquilibre de ressources, et donc vers une faillite annoncée.
Le directeur général de la CNAMGS, n’a pas d’autre choix que de privilégier d’abord le service des populations pour la vision du Chef de l’Etat en matière de sécurité sociale en soit une réussite.
Jean 1er