Samedi dernier à Libreville, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), ancien parti au pouvoir, a fait une rentrée politique remarquée et étonnante. La faste et la ferveur d’antan étaient au rendez-vous, malgré les propositions des résolutions du Dialogue National Inclusif (DNI), qui préconisent l’arrêt des activités de tous les partis et la suspension de l’ancien parti au pouvoir. Mais également, d’une interdiction formelle des cadres du PDG à participer aux activités politiques pendant une période donnée. Pourtant, à Libreville, ce 12 octobre 2024, ces restrictions semblent n’avoir aucune prise
Alors que le pays sort tout juste d’une crise politique profonde, liée au régime Bongo après plus de cinquante ans de pouvoir, la résurgence du PDG a pris de court de nombreux Gabonais.
Les cadres du PDG, qui scandaient autrefois les louanges d’Ali Bongo, se positionnent désormais comme des partisans inconditionnels de la transition. Ils appellent à soutenir le référendum à venir, tout en affirmant leur allégeance aux nouvelles autorités.
Cette volte-face a de quoi surprendre. Les Gabonais, qui espéraient une nouvelle ère après des décennies de mal-gouvernance, s’interrogent sur la véritable nature de cette réinvention politique.
Pour de nombreux observateurs, cette rentrée politique du PDG n’est rien de moins qu’une tentative déguisée de maintenir l’influence d’un système qui a plongé le pays dans une grave crise socio-économique.
Le PDG, parti au pouvoir depuis des décennies, a été largement évoqué pour sa gestion autoritaire, sa corruption endémique et son népotisme. Beaucoup voient dans ce retour des anciennes figures du régime, un danger pour la crédibilité de la transition en cours.
La promesse de Brice Oligui Nguema de rompre avec le passé pourrait être compromise si ces anciennes élites réussissent à regagner le terrain. Ces structures politiques héritées du régime Bongo, même sous un nouveau discours, alimente la crainte d’une continuité déguisée plutôt que d’un changement réel. Les tensions sociales pourraient bien être exacerbées si les Gabonais voient dans cette résurgence une tragédie, des vifs de renouveau et de justice sociale qu’ils espéraient.
Le défi pour le président de transition est désormais de taille : il doit à la fois répondre aux attentes d’une population désillusionnée par des décennies de mauvaise gouvernance, tout en naviguant dans un paysage politique où les anciennes élites cherchent à se repositionner. La gestion de cette situation délicate sera primordiale pour déterminer la crédibilité du processus de transition.
Si le PDG parvient à retrouver une place prépondérante dans le paysage politique gabonais, la question de savoir si la transition incarne véritablement le changement tant attendu par la population se posera inévitablement.
Les Gabonais, épuisés par les promesses non tenues et la stagnation économique, surveillent de près cette évolution. Une éventuelle réintégration de l’ancien système pourrait bien raviver les frustrations et semer les germes d’une nouvelle instabilité. Alors que la transition était censée ouvrir une nouvelle ère de gouvernance, elle semble déjà vaciller sous le poids des ambitions des anciennes élites.
Les Gabonais, eux, restent vigilants, espérant que cette période de transition ne sera pas une simple parenthèse avant un retour aux vieilles pratiques.
Pour l’heure, il est question pour Brice Clotaire Oligui Nguema, de prouver que la rupture promise avec le passé est bien réelle, sous peine de perdre la confiance d’une population en quête de renouveau.
Edouard Dure