Les militaires qui ont renversé Ali Bongo Ondimba au Gabon, le 30 août dernier, ont permis de mettre en lumière, certains dossiers relatifs aux présumés détournements de deniers publics par des hauts dignitaires du pouvoir déchu. Ainsi, les préjudices causés au trésor public par ces cas de malversation se chiffreraient à plusieurs milliards de francs CFA. Ces révélations qui font froid dans le dos, viennent éclairer l’épais brouillard à couper au couteau, qui entourait jusque-là cette croisade contre la corruption déclenchée par la Comité de Transition et de Restauration des Institutions (CTRI).
Dans la guerre des tranchées qui sévit entre le CTRI et le camp des présumés auteurs de détournement de deniers publics, visés par le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, on en est désormais au coup pour coup. C’est ce que vient de démontrer les perquisitions aux domiciles des hiérarques de la République, retransmises abondamment par la télévision d’Etat, les montraient aux pieds de malles, valises et sacs débordants de liasses de billets de banque.
Trois semaines après le coup d’Etat qui a renversé le président du Gabon Ali Bongo Ondimba, Noureddin Bongo Valentin, son fils aîné et des proches de son cabinet ont été mis en examen et incarcéré pour « haute trahison » et « corruption active ».
Vendredi 22 septembre dernier, l’ancien ministre du Pétrole et du Gaz, Vincent de Paul Massassa a été placé sous mandat de dépôt et écroué à la prison centrale de Libreville, pour detournement de fonds publics….concussion et blanchiment de capitaux.
Pour sa part, Léon Armel Bounda Balondzi avait quitté ses fonctions de ministre des Travaux publics près d’un an avant le putsch du 30 août. Au moment de son arrestation, il était président du Conseil d’administration du fonds autonome national d’entretien routier. Il a été incarcéré pour divulgation du secret professionnel, car il rendait compte du fonctionnement de son ministère à Ian Ghislain Ngoulou, le directeur de cabinet de l’ex Coordonnateur général des affaires présidentielles…corruption en se faisant remettre des cadeaux ( voitures….) ….association de malfaiteurs.
La dernière personne incarcérée est Abdoul Houssein Moussavou. Il s’agit d’un opérateur économique poursuivi pour association de malfaiteurs….inexécution de marché public et blanchiment de capitaux. Il a obtenu un chantier de construction du marché de Franceville pour un coût allant jusqu’à 4 milliards de francs CFA (environ 6 millions d’euros) alors que ses concurrents demandaient 900 millions de francs CFA (approximativement 1,3 million d’euros), sur instructions de Ian Ghislain Ngoulou qui avait demandé a Bounda Balonzi de le lui accorder, alors qu’il n’avait aucune experience dans le domaine.
Après un silence presque assourdissant, la justice a levé le rideau vendredi dernier, sur certaines affaires de corruption qui déchaînent les passions.
Ethan De Sillon