L’Autorité de Régulation des Transports Ferroviaires (ARTF) est dans la ligne de mire. Accusée de détournements massifs et de mauvaise gestion, l’institution est plongée dans un tourmente qui soulève plus de questions que de réponses. Pourtant, une enquête approfondie révèle des incohérences flagrantes dans ces accusations, et met en lumière des enjeux bien plus complexes.
L’une des attaques les plus récurrentes contre l’ARTF repose sur l’idée que le Secrétaire Exécutif (SE) de l’Autorité serait le beau-frère du Ministre des Transports . Mais les faits sont clairs : la femme du SE vient de Moabi, tandis que le Ministre est originaire de Ndendé. Une tentative de manipulation qui s’effondre face à la réalité des liens familiaux.
Autre cible de la polémique, le lieutenant Alexandre Bikoukou, recruté à l’ARTF en novembre 2023. Accusé d’avoir été « favorisé » dans sa réintégration à la Marine, il s’avère que sa réintégration s’inscrit dans le cadre d’une mesure présidentielle exceptionnelle visant à prolonger la carrière des personnels militaires. Rien d’illégal ou d’exceptionnel dans ce processus, sinon une réponse adaptée aux besoins du service public.
Les travaux de remise en état du siège de l’ARTF à Franceville, réalisés en janvier 2024, ont été présentés comme une décision précipitée, voire malavisée. Pourtant, ce projet a été lancé dans l’urgence de la visite présidentielle à Franceville, dans le cadre d’une concertation avec les autorités locales. Ce mode opératoire, adopté à la dernière minute, a été abandonné . Une gestion qui n’était pas parfaite, mais qui répondait à une situation exceptionnelle.
L’un des points de friction majeurs reste le Compte TVA, accusé d’être mal géré par l’ARTF. Cependant, ce compte ne relève plus de l’Autorité depuis sa reprise en main par le Ministère de l’Économie et celui des Transports. Ce changement de tutelle a permis un audit approfondi, au terme duquel des biens importants ont été retrouvés, tels que le Pont bascule et des Wagons médicalisés, acquis grâce à ce compte. Les accusations de mauvaise gestion sont donc, une fois encore, mises en perspective par les faits.
Les critiques concernant l’ARTF ont eu un impact direct sur l’avancement de certains projets. Le Pont bascule, acquis avec des fonds issus du Compte TVA, reste entreposé et engendre chaque mois des frais de gardiennage de 5 millions de FCFA. Les attaques incessantes ont donc paralysé l’institution, correspondant à l’installation de cet équipement indispensable.
L’ARTF vit une crise financière majeure. L’institution peine à boucler ses fins de mois, son budget étant insuffisant pour faire face à ses charges. La masse salariale, représentant une grande partie des dépenses, engloutit une part importante des ressources. Avec un effectif de près de 160 personnes, l’ARTF peine à financer son fonctionnement. L’absence de ligne budgétaire pour les investissements renforce les difficultés de gestion.
Malgré les critiques, les travaux de réhabilitation du siège de l’ARTF à Franceville ont été un modèle d’efficacité. Estimés à 70 millions de FCFA, les travaux ont été achevés pour seulement 7 millions. Une économie significative qui, pourtant, ne semble pas avoir été saluée par ceux qui préfèrent ignorer les résultats pour s’attaquer à l’institution.
Les attaques contre l’ARTF ne sont pas sans arrière-pensées. Derrière les critiques se cache un enjeu majeur : la gestion du Compte TVA, qui a permis de retrouver des équipements essentiels pour l’infrastructure ferroviaire du pays. Est-ce cette gestion qui alimente les appétits et provoque les tentatives de déstabilisation de l’ARTF ? Les soupçons sont légitimes.
Face à une tempête d’accusations, l’ARTF reste une institution essentielle pour le développement du secteur ferroviaire gabonais. Loin d’être un modèle de mauvaise gestion, elle cherche à se réformer et à répondre aux défis qui se posent à elle. Mais pour cela, elle doit d’abord surmonter les attaques qui visent à déstabiliser ses projets et ses réformes. Il est urgent de reconnaître les efforts fournis et de donner à l’ARTF les moyens de remplir sa mission.
Une affaire à suivre…
Jean 1er