Gabon/Abus d’autorité : Ces images qui n’honorent pas nos forces de l’ordre

La mise en place de l’état d’urgence sanitaire en mars 2020 a placé la police et la gendarmerie en première ligne dans la lutte contre le Coronavirus et par extension contre tous les désordres qui pourraient constituer une menace pour la santé, la sécurité et l’ordre public. Mais aujourd’hui, les gouvernants semblent impuissants face aux abus d’autorité systémiques de nos forces de l’ordre sur le terrain.

La lutte contre le Coronavirus donne aux autorités administratives – préfets – gouverneurs et ministère de l’Intérieur – des pouvoirs importants, qui limitent les libertés individuelles et publiques. L’ordre judiciaire devient marginalisé, car il n’est plus systématiquement consulté pour des actes qui relèvent normalement de son autorité. Disposant de plus de pouvoirs, le ministère de l’Intérieur et son bras armé, les forces de l’ordre, semblent confortés dans leur positionnement : au Gabon, ils deviennent un des acteurs majeurs de diverses politiques publiques, y compris dans des champs qui sont habituellement hors de leurs compétences. Instrument de l’État, ils sont utilisés pour répondre par la force – certains diront par la violence – à des problèmes que le gouvernement ne peut plus, ou ne sait plus, gérer d’une autre manière.

Cependant, l’accroissement des pouvoirs des policiers a entraîné un enthousiasme débordant parmi ceux‑ci. Ces derniers  utilisent les possibilités qui leur sont offertes pour mener des opérations qu’ils auraient peut‑être menées plus difficilement en situation normale. La récurrence de leur violence et abus d’autorité contribuent à montrer les limites et les faiblesses d’un appareil policier et participent au discrédit du gouvernement au pouvoir.

Les images vidéos en témoignent. Des images de nos forces de l’ordre humiliant publiquement des pères de familles  » pour non port de masque  » dans un contexte d’épidémie contribuent à figer – voire à dégrader encore plus – les relations entre la police et la population, question pourtant objet d’attentes majeures et de promesses non tenues. Des personnes violentées, rabaissées au nom de la lutte contre le virus, sans explications de la part de l’autorité compétente font l’objet des commentaires accablants sur les réseaux sociaux. Mais à quoi joue ce gouvernement qui persiste dans le cynisme? Qui ne donne pas des moyens à la population mais exige les masques? Faut-il réclamer la distribution gratuite de masques dans les établissements scolaires pour faire entendre la précarité dans laquelle est plongée de nombreuses familles gabonaises? À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle.   Violences et autres abus d’autorité ne constituent nullement une solution. Le ministère de la défense et celui de l’intérieur doivent désormais envisager des sanctions à l’encontre des agents auteurs d’abus d’autorité.

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