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 » Il y a lieu de motiver les troupes et de changer de modèle non seulement économique mais aussi social  » dixit Francis Jean jacques Evouna!

Au terme de la rencontre du 31 mai dernier entre le gouvernement conduit par le premier ministre, Julien NKOGHE BEKALE et le patronat dans son ensemble, Francis Jean jacques Evouna, président du Conseil gabonais du patronat (CGP) répondait sans langue de bois et en économiste averti aux questions de la rédaction de ginewsexpress.

 

Ginews : Mr le Président bonjour ! Vous venez de prendre part au dialogue social que le Gouvernement a initié depuis le mois d’avril 2019 avec les forces vives de la nation.  Le vendredi 31 mai 2019 a été la rencontre entre le Gouvernement conduit par son Chef, Mr Julien NKOGHE BEKALE et le Patronat dans son ensemble. Que peut-on retenir de cette démarche de l’exécutif vers le monde de l’économie ?

 Francis Jean Jacques EVOUNA : Bonjour messieurs les éducateurs des masses et  vecteurs de changement  de nos habitudes. Je vous remercie de l’honneur que vous ne cessez de faire à ma modeste personne chaque fois que vous le jugez nécessaire. Je  voudrais répondre directement à votre question en optant de ne faire ni détours, ni démagogie, ni tabous comme l’a d’ailleurs si bien  fait,  Monsieur le Premier ministre, Chef du Gouvernement. Il est venu dire au secteur privé du coté des employeurs  que son gouvernement voudrait poursuivre les reformes sur tous les plans et dans tous les domaines de la vie politique, économique, sociale, culturelle et environnementale de notre pays, qu’il veut allier efficacité économique et justice sociale,  que ces reformes sont à la fois utiles et nécessaires car il nous faut ensemble changer de modèle économique et assurer une prospérité durable à nos concitoyens par un modèle de croissance résolument progressiste parce que s’attaquant aux inégalités sociales à la racine en réactivant la mécanique de la mobilité sociale. Le Premier Ministre a averti que ces reformes seront très contraignantes pour tout le monde mais resterons bien entendues tout a fait humaines. Et qu’il souhaite avoir le soutien du patronat pour réussir ce challenge. Voilà en termes de condensé ce que je puis vous dire de ces retrouvailles.

 

Ginews : Monsieur le Président ! Est-ce que le patronat dans son ensemble a parlé d’une seule voix quand on sait qu’il y a la CPG qui est le regroupement des grandes entreprises et le CGP et d’autres regroupements  professionnels de PME voire de micro-entreprises ont leurs spécificités ?

 Francis Jean Jacques EVOUNA : Votre question vaut son pesant d’or, mais Je dois  vous rassurer qu’il n’y a pas l’ombre d’un quelconque problème entre les structures patronales grandes ou petites, ce sont des moteurs de croissance dans une économie car sans entreprises il n’y a pas d’économie et sans économie  il n’y a pas de pays. Il s’agit simplement de comprendre les spécificités qui différencient les grandes entreprises aux TPE (très petites entreprises), aux PME (Petites et moyennes entreprises), aux ETI (Entreprises de taille intermédiaire). Il faut bien évidemment  savoir qu’avant les TPE, il y a les commerçants, les artisans, les professions libérales. Les grandes entreprises font dans le développement, la délocalisation, les stocks options et   n’embauchent plus. Elles font mêmes dans l’évasion des capitaux etc.… Alors que les autres entreprises de taille en dessous  créent  les richesses et les emplois car elles constituent le socle de toute économie dynamique et compétitive et leur rôle dans les économies fait d’elles les piliers dans la bataille économique que se livrent les pays.  C’est sur elles que repose les quatre objectifs  du carré magique de Nicolas Kaldor c’est à dire : croissance, plein-emploi, stabilité des prix, équilibre des échanges extérieurs. Mais il faut vous dire qu’au CGP  nous nous lamentons du fait de l’absence de solidarité entre les grandes entreprises et les autres de plus petites tailles. Je formule le vœu que l’État qui régule l’activité économique dans notre pays permette la mise en place d’un « Pacte PME » qui sera la base du rapprochement véritable entre les grandes entreprises et les PME.

 

Ginews : Monsieur le Président ! Vous avez parlé plus haut de la volonté du gouvernement en venant vous rencontré,  de vouloir allier efficacité économique et justice sociale. En homme de terrain et étant du monde de l’économie,  une telle démarche des pouvoirs publics vise quels objectifs ?

 Francis Jean Jacques EVOUNA : Votre question est très pertinente et me donne l’occasion de me lâcher. Je pense que le Gouvernement Julien NKOGHE BEKALE sous les très hautes instructions de S.E Monsieur le Président de la République, Chef de l’État ALI BONGO ONDIMBA  aspire à un État plus efficace. Allier efficacité économique et justice sociale se résume à des réformes structurelles et mobilité sociale, un point particulièrement positif à mettre au crédit du gouvernement du nouveau Premier Ministre. Des réformes structurelles visant à dynamiser le marché des biens et le marché du travail, la promotion d’une école de qualité, d’une formation professionnelle qui sont de véritables leviers essentiels de croissance par l’innovation en même temps qu’elles peuvent contribuer à relancer l’ascenseur social. Des réformes qui passent sommes toutes par une réorganisation en profondeur et qui sont fondées sur un diagnostic partagé. J’ai d’ailleurs en prenant le parole au cours de cette rencontre caricaturer le Gabon à un navire en plein tempête. Et que dans ce cas , il y a urgence à agir et faire trois choses simultanément : Premièrement : donner un cap au bateau Gabon qui permettra , d’une part, de redonner confiance à l’équipage et, d’autre part, de lui montrer l’Île ou le port à atteindre dans la tempête, afin de motiver à se battre, à donner un sens au combat collectif, un espoir et j’ai renchéri en disant que le Président Ali Bongo Ondimba a donné ce cap en instruisant le gouvernement à mettre tout en œuvre pour que notre pays fasse parti des pays émergents d’ici à l’horizon 2025. Il faut redonner au Gabon une ambition collective, une vision indispensable pour que les gabonaises  et les gabonais sachent pourquoi ils doivent se battre. Que le capitaine doit être visionnaire et être capable d’orienter l’avenir. Deuxièmement : Il faut vider l’eau dans les cales, qui alourdit le bateau à savoir : le poids des déficits, de la dette, des charges etc.  Pour alléger le navire et retrouver flottaison et manœuvrabilité c’est a dire retrouver la compétitivité et améliorer la productivité. Et enfin troisièmement : redonner confiance au commandement intermédiaire et à l’équipage : les encourager, les motiver, car ce sont eux qui font fonctionner le navire. La morale de cette histoire, c’est qu’un navire n’a aucune chance de survie, notamment dans la tempête ou face à l’ennemi ; sans un commandement intermédiaire, chevronné et aguerri, capable à la fois de motiver l’équipage, de donner des ordres, de faire des choix, de manœuvrer le bateau et de le conduire à bon port par tous les temps et toutes les conditions de mer.

 

Ginews : Monsieur le Président ! Le Premier ministre a annoncé que les reformes qu’il entend mettre en place  avec son gouvernement vont être très dures et dans le même temps, il est de notoriété qu’en politique économique c’est une affaire de choix. N’y a t-il pas d’incohérences entre le plan de relance économique qui est en cours dans notre pays et qui a été approuvé par le FMI  sachant qu’il doit prendre fin cette année 2019 et la politique de rigueur qui semble se cacher derrière  ces reformes ?

 Francis Jean Jacques EVOUNA : C’est une très bonne question qui doit véritablement nous faire procéder à une « remise à plat » des concepts clés qui fondent notre appréciation de l’égalité, de la diversité humaine ou du bien être social. Je pense que c’est pour lutter contre le retour massif des inégalités sociales, sans tomber dans l’ornière d’un égalitarisme abstrait que le gouvernement veut faire ces reformes de fond en sollicitant les forces vives de la nation. A mon humble avis, il est plus qu’urgent de réconcilier l’engagement moral en faveur de l’égalité et la rationalité économique.  Ceci dit, la politique économique consiste effectivement à faire des choix. Il faut choisir des objectifs  puis choisir des instruments cohérents avec ces objectifs. Mais les autorités ont-elles totalement la liberté de choisir alors et surtout qu’il y a un certain nombre de contraintes à respecter. Je pense que la vraie question devrait être quelle politique économique choisir ? Pour bien comprendre les choix de politique économique il faut un temps soit peu les énumérer et les définir. Il y a la politique conjoncturelle qui se définie comme étant  des actions de l’État à court terme sur les grands équilibres : taux de chômage, taux de croissance, taux d’inflation, solde extérieur. Il y a la politique Structurelle qui est l’ensemble des actions de l’État pour modifier en profondeur et durablement les structures de l’économie. Il y a la politique de relance comme actuellement en cours dans notre pays, on cherche à stimuler la demande afin que les entreprises produisent davantage et embauchent. Elle agit sur la demande la consommation, l’investissement afin d’accroitre la production et l’emploi. Il y a la politique de stabilisation que l’on appelle aussi politique de rigueur ou politique d’austérité: l’objectif est la lutte contre l’inflation. On réduit la demande intérieure et on cherche à rétablir les équilibres du budget, de la balance commercial, on baisse les dépenses publiques, on augmente les impôts. Il y a aussi la Policy mix qui est un dosage des politiques budgétaires et monétaires dans le cadre d’une stratégie macroéconomique globale. Dans un deuxième temps il n’y a pas d’incohérences dans les choix du gouvernement puisqu’il peut grâce aux politiques de régulation  chercher à améliorer les structures et les bases de l’économie. Il n’y a rien qui soit en contradiction avec le plan de relance qu’appui le FMI, sinon celui-ci se serait retiré du plan de relance qu’il a approuvé. Les réformes sont nécessaires car l’État doit réduire son déficit et sa dette publics. L’État doit pouvoir investir dans les domaines ou secteurs porteurs de croissance, et en même temps limiter la pression fiscale de manière à ne pas décourager les talents et l’innovation. A ce sujet, il faut une diminution des dépenses publiques pour donner de l’oxygène au gouvernement. Il faut véritablement définir  une stratégie de reformes.

 

Ginews : Monsieur le Président ! Que pouvez-vous proposer concrètement au gouvernement dans cette volonté  de reformes de l’État ?

 Francis Jean Jacques EVOUNA : À Votre question je pense bien que les propositions concrètes ont été données dans mes réponses  depuis le début de cet entretien. Je voudrais vous dire que le gouvernement vient lui-même de prendre le taureau par les cornes. Il y a lieu de motiver les troupes et de changer de modèle non seulement économique mais aussi social. Car si l’on veut réconcilier l’économique et le social, il faut donner un sens à nos efforts de compétitivité, un sens au travail, et les faire partager par tous. Un penseur du nom de SENÈQUE disait : « qu’il n’y a pas de vent favorable à celui qui ne sait pas où il va. »

 

Ginews ; Votre mot de Fin monsieur le Président !

 Francis Jean Jacques EVOUNA : Je conclurais en disant  que Cap et dialogue social sont importants pour les Gabonais ? Si l’on montre un chemin, un objectif ambitieux mais réaliste, associé à un bon management, un projet collectif se met en place et tout le monde donnera le meilleur pour atteindre cet objectif. Il y aura création de richesse, puis partages des richesses et/ou création d’emploi. Pour redonner espoir aux Gabonais.

Je vous remercie

 

Propos recueillis par Jean 1er

 

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