Categories Société & culture

Cinémas de Libreville: la lumière s’est éteinte!

Et l’écran est resté muet. Tous les cinoches de Libreville ont fermé. De cette époque, de ces affiches et soirées du samedi : souvenirs.

Le 11 novembre 2009,  au programme du Majestic, on projette « Casino Royal » et « L’appel de la Jungle ». Dernières soirées. Un an plus tôt, le Komo a bien essayé de remettre la lumière. Mais le public déjà ne répond plus présent. Le magnétoscope et la VHS sont passés par là. Aux sorties du week-end, on préfère désormais la télévision familiale. Changement d’époque, écrans domestiques. Comme un générique de fin sur fond de nostalgie.

Le grand voyage

C’est vers 1965 que la première salle s’est ouverte à Libreville, à Nombakélé. Appelée un moment Maison Blanche,elle sera rebaptisée Le Gabon. Chris s’en souvient comme d’hier. Fan de western, il y venait avec les copains, rêver du Grand Ouest, des chevauchées de John Wayne, duels au soleil et saloons fatidiques. « C’était la salle la plus populaire. A la séance de 16h, tu payais avec des emballages de dentifrice (sic). Une sorte de promo pour le fabriquant. Sinon, 200 francs dans l’après-midi et 300,ou un peu plus, en soirée. Quelle ambiance ! Comme les sièges étaient en métal, dès que la lumière s’éteignait, on faisait un boucan d’enfer. Ce que j’aimais le plus, c’était Django, les Trois salopards, Le Train sifflera trois fois… » . D’autres étaient fans de films hindous ou de karaté. Pour 300 francs, le grand voyage.

Ceci dit, l’autorisation de sortie n’était pas facile à obtenir.  Les parents étaient frileux. Insécurité, rapt d’enfants… « On attendait le 12 mars, la fête du PDG, se souvient Dieudonné. Après le défilé, quelques pièces en poche, on était libre de nos mouvements… et on partait au Gabon. C’était une chose éblouissante, cet écran ! Rien à voir avec la télé. Dès que la projection commençait, un silence de cathédrale. » Respect. Enfin pas tant que ça ! « Certains collaient les chewing-gum sur les sièges et attendaient à la sortie pour repérer leurs victimes. »Remake africain des 400 coups.

Pour repère, la construction des salles commence dans les années 60 et elle tient d’une volonté politique. Le défunt président ne se limite d’ailleurs pas à la capitale. Port-Gentil profite de deux cinémas (L’Océan et L’Ogooué), Oyem sort au Woleu, Mouila au Bantu. Franceville à L’Ampassa et au Bowlinstore. Quant à la capitale, les amateurs choissent entre quatre adresses, le Komo, la plus chic, l’Akébé, le Majestic et le très populaire Gabon.  Salles combles, grandes ambiances, jusque vers les années 90 où la conjonction de plusieurs éléments amène les successives fermetures. Les copies VHS pour commencer, puis les Dvd, mais aussi le coût de la vie, les difficultés d’accès…  Conséquence de quoi, le Komo éteint ses projos (Ciné Mécanica 35 mm) à la fin des années 90 et le Majestic, en 2009. Comme un clap de fin. Aujourd’hui ? La salle des Akébé abrite une église éveillée et le Gabonn’a plus que son maquis voisin et des mécanos ouest-africains. Le film est ainsi, scénario sans scrupule, bobine mangée par le temps. Aucune illusion à se faire. L’écran est peint en noir.

Nathan 1er

Please follow and like us:
Pin Share

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *