Au lendemain du référendum constitutionnel marqué par une approbation massive du « Oui » à 91,80 %, le Président du Parti des Républicains Démocrates (PRDEM), le Dr OYONO EBANG Constant revient sur les enjeux de cette élection historique. Entre réconciliation nationale, réformes ambitieuses et mobilisation citoyenne, il livre son analyse des défis de la transition et de l’avenir politique du Gabon.
Ginewsexpress : Monsieur le président, la transition vient d’amorcer un grand virage avec le récent scrutin référendaire sur le projet constitutionnel, pour lequel, le peuple gabonais a accordé un « oui » à 91,80 %. Quelle est votre réaction après ce référendum ?
Président OYONO EBANG CONSTANT: Il est important avant toutes choses de refaire la genèse de l’histoire politique du Gabon en rappelant les motivations du premier référendum après l’independance du Gabon pour bien comprendre l’orientation de celui qui vient de s’achever.
Lors du premier référendum de l’histoire du pays après l’indépendance nationale, les électeurs se prononçerent à 96,48 en faveur d’une modification de la Constitution pour permettre la ratification des « accords de Paris » conclus en septembre 1994 par le pouvoir et l’opposition. Le taux de participation s’élevait à 63,45 %. Les accords de Paris avaient été négociés après les troubles de février 1994 qui avaient suivi la réélection d’Omar Bongo, réélection entachée de très nombreuses irrégularités, en décembre 1993.
Le pourcentage du suffrage exprimé aujourd’hui par les populations est un message fort qui nous indique que nos textes juridiques étaient entachés de plusieurs insuffisances et il revenait au peuple souverain de donner une nouvelle trajectoire à l’histoire du pays. En verité, le peuple souverain a porté un regard objectif sur les enjeux de ce processus électoral et a fait un choix qui selon lui est rentable pour les filles et fils du Gabon et pour le futur de notre vivre ensemble.
Le Gabon a-t-il franchi une nouvelle étape de son histoire?
President OYONO Ebang Constant: Depuis le coup d’Etat orchestré par les militaires notamment par le Comité de Transition pour la Restauration des Institutions (CTRI), le Gabon est en phase avec une nouvelle histoire et chaque jour, une nouvelle page de l’histoire de notre pays rêvé par nos ancêtres s’écrit.
Avec le referendum, c’est un nouveau chapitre qui vient de s’ouvrir reste à écrire objectivement les pages de ce chapitre en associant les fils et filles du Gabon pour un essor vers la félicité commune. En fait, les nouvelles étapes, nous les franchissons tous les jours; et la question est: que laissons-nous à chaque nouvelle étape ?
Quels sont les enseignements à tirer de ce premier temps fort de la transition, quelle est la position du PRDEM quant à la suite du processus transitoire ?
Le référendum 2024 est une victoire pour le processus de la transition militaire et la réconciliation nationale.
La nature du suffrage exprimé par les populations ne doit pas être interprétée comme une victoire d’un groupe d’individus sur un autre ou d’une ethnie contre une autre, mais comme une opportunité pour tous les Gabonais de se réconcilier avec eux-mêmes et se retrouver autour d’un projet commun de développement du pays.
Les réformes proposées lors de ce référendum sont des instruments indispensables pour améliorer la qualité de notre vivre ensemble et garantir une meilleure répartition des richesses nationales.
A cet effet, le PRDEM a mis un accent sur l’importance de la matérialisation objective et rapide de ces réformes. La suite de ce scrutin est d’une importance capitale pour la transition militaire au Gabon. Nous devons unir nos énergies pour accompagner le CTRI dans la mise en œuvre de la volonté du peuple, une volonté qui s’est exprimée par une large victoire du OUI dans les urnes. Le Parti des Républicains Démocrates PRDEM sera un acteur vigilant et reste disponible pour un essor commun vers la félicité.
Par ailleurs, le PRDEM invite tous les acteurs politiques à faire preuve de responsabilité et de solidarité politique pour préserver le climat de paix et éviter les clivages inutiles.
y a-t-il, selon le PDRDEM, des améliorations ou des retranchements à faire dans ce projet de Constitution dont le processus d’adoption aura lieu en avril prochain ?
Il n’ya pas de Constitution parfaite sur la terre. Cette Constitution a le mérite d’avoir été proposée par des gabonais. Sa mise en œuvre nous montrera ses insuffisances ou non. In fine, c’est le bonheur du peuple gabonais qui sera notre ligne de défiance.
Quelle est votre appréciation du taux d’abstention et Quelle solution pour combattre ce rejet des bureaux de vote par les Gabonais ?
L’abstention progresse dans la majorité des démocraties en construction; ce n’est pas un nouveau phénomène dans les pays en voies de développement où les processus de démocratisation sont en mouvement. Celle-ci est variable en fonction du type de scrutin et de la population concernée.
L’une des raisons principales est le fait que, les électeurs inscrits sur les listes électorales ne se déplacent pas pour aller voter. Il ne faut donc pas confondre avec le vote blanc ou nul qui correspond à des personnes qui ont voté mais dont le bulletin n’est pas pris en compte (erreur, absence de bulletin…).
L’autre raison est l’enjeu du scrutin en effet, les électeurs ne trouvent pas utiles d’aller exprimer leurs votes dans la mesure où il n’y aura rien en retour.
Les causes de l’abstention durant le référendum sont multiples et les solutions difficiles à mettre en œuvre, néanmoins nous devons inculquer aux électeurs l’esprit patriotique et par la suite multiplier les campagnes de sensibilisation dans les médias publics et privés ainsi que son insertion dans les programmes scolaires dédiés à leducation citoyenne sur l’importance du vote pour l’avenir communautaire.
Votre mot de fin
J’invite tous les compatriotes ainsi que tous les acteurs politiques gabonais à se réunir autour de l’idéal de paix et de concorde afin de favoriser un meilleur essor pour notre pays le Gabon. Pour ma part, je suis pour le rassemblement et la réconciliation nationale.
Edouard Dur
