« Au 7e jour de ma grève de la faim, je me sens très bien ». Cette phrase de l’ancien vice premier ministre a quelque chose de surprenant. Bruno Ben Moubamba montrait là sa force mentale. Il était dans la situation d’un sage éloigné des malheurs du temps dans un exil relatif avec pour seul but, la fin de l’état PDG, la dissolution du parti démocratique gabonais.
L’action du président de l’ACR serait incompréhensible si on ne le rapporte pas à certaines luttes d’hommes qui ont marqué l’histoire et qui sans se ressembler gardent cependant un air de famille à l’exemple de Mohandas Karamchand Gandhi.
BBM croit à la rupture de l’état PDG, il croit aussi à la continuité avec le président de la république, Ali Bongo Ondimba mais dans une nouvelle mouvance politique avec des nouveaux visages, de nouvelles personnes, de nouveaux noms. Et les remous observés dans certains conseils provinciaux du parti démocratique gabonais sont selon lui dues à son état de privation, « les remous observé au PDG aujourd’hui me donnent raison lorsque j’affirme devant l’histoire que l’air du PDG est terminé. Moi je suis un philosophe, en ma qualité de docteur en philosophie et en science sociale et politique, j’ai compris que l’intellect est supérieur à la matière. J’ai compris l’impact sur un plan métaphysique que nous pouvons avoir sur la matière et c’est cette théorie que j’applique. J’estime que mon action a un impact sur le PDG. Les pédégistes sont nos frères, ce ne sont pas nos ennemies mais moi j’estime que le Gabon doit changer ».
Au sommet de son doctorat en philosophie et celui en sciences sociales et politiques, l’homme ne se laisse jamais enfermer dans des pures oppositions. Son style comme sa pensée ne sont pas par hasard, tout en se démarquant, une inspiration gandhienne. Bruno Ben Moubamba se veut donc un philosophe du vivant, de l’intellect et des droits de l’homme. Il n’est pas un homme politique qui rejoue la pièce de ses prédécesseurs.
Il est possible de contester cette action du responsable de l’ACR, mais on ne peut en gommer la pertinence. Car cette grève de la faim configure des problèmes communs. Le problème de l’esprit, de l’existence, de la structure, de la justice au sens large. Le problème de la démocratie, des droits de l’homme, de l’histoire. L’histoire devant laquelle BBM appelle au chef de l’exécutif à faire face. « Le président de la république a deux solutions. Soit il garde le système tel qu’il est et il donne quelques gages aux opposants comme à la sortie du dialogue d’Angondjé et le système demeure. Soit il décide de rentrer dans l’histoire, il change le système crée par son père et il devient un model pour l’Afrique centrale. Entre le fatalisme du ‘’on va encore faire comment et les violences du 31 aout, il faut utiliser la non violence, il faut se montrer civilisé. Il faut considérer les gabonais et gabonaises comme les frères et sœurs mais il faut également pousser au changement et au renouveau y compris par le sacrifice de soit même » relate t-il.
Ce moment de privation en ouvre donc d’autres. Il n’est pas entouré de clôtures. A l’exemple de plusieurs jeunes qui accompagnent l’ancien vice-Premier ministre dans ce jeûne politique à travers le pays, selon sa révélation. Toutefois se serait une grave erreur que de croire Bruno Ben Moubamba en homme suicidaire, en panne d’idée. Il a connu des creux en 2009, notamment dans la cour de l’assemblée nationale, mais il ne fut jamais en proie à une défaite de la pensée. Il a ses défauts certes, mais il a surtout sa force mentale au long cours et sa détermination.
Edouard Dure