Président du Conseil gabonais du patronat (CGP), Francis Jean-Jacques Evouna, analyse les crises actuelles à travers le prisme de l’Histoire. Ce natif du Woleu-Ntem a reçu Ginewsexpress, pour un entretien au long cours. Entre missions du CESE, Transition et PME gabonaises. Interview.
Ginewsexpress : Monsieur le Président ! vous êtes un vétéran du CESE, A quoi sert le Conseil économique, social et environnemental ?
Francis Jean Jacques EVOUNA : Merci messieurs les vecteurs d’éducation de masses, je vous remercie de penser souvent à ma modeste personne pour partager avec vous les questions d’actualité du pays et surtout depuis le nouveau Gabon en gestation dont l’acte de naissance date du 30 aout 2023. Pour répondre directement à votre question je vous dirais ceci relativement au CESE. Inscrite dans la Constitution de 1958 de la République Française qui servait aussi de base pour la communauté et calquée par ses colonies dont le Gabon, la « troisième chambre » a été conçue pour assurer une autre représentation de la société c’est la tribune par excellence de la société civile. Mais cette assemblée consultative, doit être réformer en profondeur, pour cause de son manque de poids politique. Le CESE est « Une chambre du futur » qui doit redevenir un « trait d’union » entre la société civile, les autres institutions constitutionnelles et les instances politiques. Voilà, en quelques mots, le sort que le président de la Transition, Chef de l’Etat devrait réserver au Conseil économique, social et environnemental (CESE) de la transition et après. Disons que cela doit être clair dans ses projets de réforme des institutions qui constituent la substance du CTRI. La refonte «de fond en comble » de cette assemblée consultative, car l’institution que l’on nomme abusivement la «troisième chambre», à côté de l’Assemblée nationale et du Sénat, voit régulièrement sa place et son rôle remis en cause voire négligé. D’où certainement cette question : à quoi sert vraiment le CESE ? Outre le fait d’avoir un nom à rallonge couvert par une jolie abréviation ? Pour comprendre le rôle de l’institution, il faut d’abord faire un peu d’histoire. En effet, à la fin du XIXe siècle, l’idée d’une assemblée qui représenterait les corps de la société a fait son chemin dans les têtes pensantes de la Nation. Certains, comme le marquis de La Tour du Pin, un monarchiste, ont la nostalgie corporatiste de l’Ancien régime tandis que d’autres, comme certains juristes ou le père de la sociologie, Emile Durkheim, sont sensibles à l’idée que les nouvelles forces de la société, en particulier le syndicalisme, doivent être représentées au sein d’une institution constitutionnelle. Dans le même temps, les lois Waldeck-Rousseau de 1884 et 1901, qui garantissent les libertés syndicale et d’association, concourent à la reconnaissance de nouveaux protagonistes politiques face aux chambres parlementaires. Le CESE est un centre de résonnance de l’opinion publique, Il joue malgré tout un rôle de vigie, c’est une Assemblée qui reste un baromètre intéressant de la société civile, cela permet d’avoir un dialogue sur un certain nombre de sujets avant la fabrication de la loi que l’on n’aurait pas ailleurs. » Il faut d’ailleurs vous dire que les gouvernements successifs et le Parlement n’utilisent pas assez ce baromètre pour prendre leurs décisions. Une belle amélioration serait le fait d’assurer un dialogue avec le politique pour être une véritable chambre de long terme.
Monsieur le Président ! L’on ne vous entend pas assez depuis la transition pourtant il y beaucoup de chose à dire sur tous les plans (politique, économique, sociale, environnement et même culturel)
C’est possible que je ne puisse pas être très expressif comme vous le dites. Il est de notoriété que depuis le 30 Août 2023, le Gabon vit un contexte socio-politique exceptionnel, après un acte légitime posé par nos forces de défense et de Sécurité, ce que le commun des mortels appelle coup d’Etat ou coup de force. Cette date du 30 aout 2023 a sonné la libération du peuple gabonais de la servitude ouvrant une nouvelle ère pour notre cher Gabon d’abord. Cet acte de salubrité publique nous a ouvert une nouvelle page de l’histoire de notre pays et celui-ci a reçu l’adhésion populaire, une situation qui a duré près d’une soixantaine d’années. L’espoir est donc né, les gouvernants et les gouvernés semble être en symbiose dès cet instant. Disons que le discours d’investiture du Président de la Transition, Chef de l’État le Général de Bridage Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, cet adepte de Nicolas Machiavel de son vrai nom NICCOLO DI BERNARDO DEI MACHIAVELLI a fortement séduit le peuple gabonais qui a trouvé là du bon oxygène. Il nous faut savoir que pour François Marie Arouet dit Voltaire avait dit que le peuple ressemble à des bœufs à qui il faut du joug et du foin. Ce peuple peut aussi facilement déchanter alors qu’en lui serait apparu une certaine espérance. En 1413 Mr Sermon Bonum Michi un des penseurs politiques disait : que le prince n’est pas juridiquement lié par ses lois, mais il doit accepter de s’y soumettre volontairement. Le PCTRI pourra –t-il démentir ce penseur lorsqu’on sait que le caractère strictement moral de l’obligation faite au roi de respecter les lois peut être considéré comme une chimère. Il y a certes beaucoup à dire dans tous les domaines tel que vous l’indiquez mais il est tout aussi important de laisser les autorités de la transition nommées par le PCTRI, Chef de l’État par exemple son bras séculier qui est le Gouvernement de la Transition qui me semble fermé voire réfractaire à écouter toutes les composantes de la société gabonaise même s’il est ouvert un site pour recevoir les propositions des gabonais en vue de la préparation d’un grand débat national. En tant que leader d’opinions je serais heureux qu’il nous soit déclinée la feuille de route pour en connaitre la substance afin de réagir utilement en connaissance de cause. Pour changer de modèle politique, économique, social, écologique voire culturel, il nous faut poser un diagnostic, trouver des solutions, il nous faut des outils d’évaluation, il nous faut arriver à un consensus. Tel peut être ma position pour le moment.
Monsieur EVOUNA, il y quelques jours, le gouvernement de la transition a décidé d’attribuer les marchés publics de moins de 150 millions PME gabonaises exerçant dans le BTP. En tant qu’entrepreneur pensez-vous que cette décision pourra booster durablement la Pme gabonaise ?
Merci Ginewsexpress d’avoir bien voulu penser à ma modeste personne en homme de terrain pour partager avec moi la décision du PCTRI de pouvoir octroyer les marchés d’un montant inférieur ou égal à FCFA 150.000.000 aux PME Gabonaises exerçant dans les BTP. Je vous dirais que c’est une décision salutaire pour résoudre un tant soit peu un élément important dans la problématique que pose la situation de la PME gabonaise dans son ensemble mais surtout il serait judicieux de la renforcer par un dispositif législatif, juridique et réglementaire bien entendu après avoir posé un véritable diagnostic qui aboutirait à un consensus acceptable par toutes les parties prenantes dans le nouveau projet économique pour le Gabon qu’ambitionne le PCTRI.
Cette décision pourrait-elle constituer une rupture avec ce qui se faisait jusque-là dans la passation des marchés publics?
Je pense que le PCTRI voire l’ensemble du CTRI ont compris qu’il était important et impératif de pouvoir changer nos modes de pensées pour changer notre modèle économique et assurer une prospérité à tous nos concitoyens un véritable réveil des Gabonaises et des Gabonais qui ont choisi d’entreprendre pour ne pas saturer continuellement et à volonté la fonction publique qui devient d’ailleurs obèse. Il faut redonner un cap, une ambition et une stratégie de croissance pour le Gabon
Selon votre expertise quelle pourrait être des pistes de solution pour les PME des autres secteurs ?
Je ne voudrais pas me joindre aux discours défaitistes. Notre futur n’est pas désespéré. Je suis convaincu qu’il faut défendre et maintenir l’emploi au Gabon et pour cela l’entreprise PME reste le vecteur par excellence de création de richesses et d’emplois dans notre pays. Il y a plusieurs pistes de solutions que je conçois dans les cinq «5»> c’est-à- dire créer un environnement économique : Simple, Stable, Serein fiscalement ; Souple socialement et Sécurisé juridiquement.
Je vous remercie