Sur la vie des PME, leurs attentes, leurs besoins, à l’image de la morosité économique actuelle, le président de la CGP, Francis Jean jacques Evouna, dit tout à << Ginews >>, sans détour. Interview et mise au point.
Ginews : Bonjour Président ! Comment se porte les PME dans le contexte économique actuel ?
Francis Jean Jacques EVOUNA : Bonjour ! C’est un plaisir en même temps un honneur que vous me faite de partager avec ma modeste personne en tant qu’homme de terrain du monde économique, les interrogations sur la santé des entreprises et surtout celles du segment des PME. De prime abord, je voudrais vous faire remarquer que notre pays souffre de l’ambiguïté de notre système économique qui manque de cohérence en ce sens que l’on ne saurait jamais si nous sommes dans une économie mixte, une économie dirigée, une économie de marché ou dans une économie libérale parce que la vision de la structuration économique n’est pas la même. Vous conviendrez donc avec moi que dans ces conditions les politiques en direction des PME restent tributaires de la volonté politique de façon générale. Il y a lieu de vous dire simplement que les PME vont très mal à cause de la colossale dette de l’Etat vis à vis d’elles, et bien évidemment la crise politique,économique et sociale qui secoue le pays tout entier, et qui si rien n’est fait ne pourra pas nous permettre l’effectivité de l’égalité de chance que prône et surtout ambitionne le Président de la République. Il est impérieux de mettre en place un pacte de croissance, qui aurait du précéder le fameux plan de relance économique auquel je ne crois pas, sans compter que la situation économique actuelle n’est pas propice aux entreprises qui manquent de trésorerie, de dynamisme et de compétitivité.
Ginews : Pouvons-nous dire que les PME sont des actrices importantes de notre économie aujourd’hui ?
Francis Jean Jacques EVOUNA : Si l’on considère que les PME doivent être actrices importances de notre économie, avant de répondre à votre question, permettez que je vous rappelle que l’économie est souvent définie comme la gestion des ressources rares, on peut aussi bien la définir comme la discipline des choix rationnels. Le choix étant effectivement au cœur de tous les mécanismes économiques. Ce choix économique se présente sous la forme : une limite, plusieurs possibilités. La limite est celle des ressources et les possibilités les hypothétiques utilisations de celle-ci. Venant à votre question, je vous dirais que le premier choc pétrolier a été l’occasion de découvrir et de reconnaître le rôle des petites et moyennes entreprises dans les économies développées, en particulier dans le domaine de l’emploi. Leur capacité à s’adapter aux mutations qui sont résultées de cette grave crise a été mise en évidence. Aussi, les PME font-elles aujourd’hui l’objet de l’attention des pouvoirs publics dans tous les pays donc évidemment le notre, car elles sont un facteur de compétitivité dans la bataille économique que les pays se livrent. Nous pouvons dire cependant que le Gabon à travers l’ambition de la plus haute autorité doit s’arrimer à la nouvelle gouvernance économique mondiale pour espérer compter au rang des pays dits émergents d’ici à l’horizon 2025.Pour ce faire, il faut que le gouvernement mette en place des politiques économiques plus cohérentes et un environnement de confiance qui tiennent compte et respecte ce que j’appelle les cinq «5 S » à savoir : Simple – Stable – Serein fiscalement – Souple socialement et Sécurisé juridiquement. Nous ne pouvons donc pas véritablement affirmer que les PME sont des locomotives de l’économie de notre pays comme elles le sont dans des économies des pays dits émergents.
Ginews : Selon vous, les connaît on suffisamment, leurs attentes, leurs besoins, leurs potentialités, en dehors des institutions bancaires capables d’apporter leur soutien pour le développement et l’expansion des PME -PMI, quelles autres orientations proposez vous dans ce sens ?
Francis Jean Jacques EVOUNA : Votre question multiforme est à la fois pertinente et importante, elle est au cœur même de la politique économique car elle représente l’ensemble des actions que l’Etat met en œuvre pour atteindre des objectifs de croissance et d’équilibre. Ces objectifs sont essentiellement ceux synthétisés dans ce qu’on appelle le « carré magique » de Nicholas Kaldor : c’est à dire : Croissance- plein emploi, stabilité des prix, équilibre des échanges extérieurs. L’Etat dispose de plusieurs outils pour atteindre ses objectifs notamment la politique budgétaire et la politique monétaire, il prend également en charge des politiques structurelles qui ont pour but de préparer l’avenir, ceci étant, dans la question précédente je vous disais que l’enjeu premier des PME est d’exercer leurs activités dans un environnement propice aux développement des affaires selon le critère des 5 S. Leurs besoins se trouvent dans la efficacité et la performance des mécanismes de marchés et de financement, leurs potentialités se trouvent dans le sacro-saint principe que ce sont elles qui créent les richesses, les emplois et si leur environnement est favorable à leur éclosion, elle peuvent innover et pourquoi pas se mettre dans les normes de la globalisation et de la mondialisation qui gouvernent le monde économique aujourd’hui. Sur le plan financier effectivement les banques sont très prudentes car l’environnement de confiance n’est pas de mise pour permettre se soutien indispensable des banques à leur développement. Il faut trouver d’autres pistes de solutions qui peuvent être dans la création des sociétés à des capitaux à risque et au règlement par l’Etat de sa dette envers les PME, l’accès aux marchés publics et des circuit financiers, la révision dans un sens plus favorable du Code des Marchés, au Code des impôts car encore trop coercitif, punitif et dogmatique et bien entendu une meilleure prise en compte par nos décideurs de leurs spécificités.
Ginews: Lors de la dernière sortie du « MOGABOBIS » les Ministres Régis Immongault Tatangani et Madeleine BERRE on respectivement dit que l’économie gabonaise se portait mieux par rapport à d’autres pays Africains et attrayant pour les investisseurs, vous en personne avisée, quel est votre sentiment ?
Francis Jean Jacques EVOUNA :Votre question avec une dose de politique nécessite une réponse à la fois politique et technique même si vous auriez du poser cette question aux deux ministres concernés par ces propos. Je voudrais vous partager ma pensée en guise de prémices de réponses. L’évaluation d’une politique publique a pour objet d’apprécier l’efficacité de cette politique en comparant ses résultats aux objectifs assignés et moyens mis en œuvre. D’ailleurs derrière la simplicité du concept, on devine la difficulté de l’exercice. L’évaluation des politiques publiques est au cœur de toutes les réflexions sur la réforme de l’Etat. Dans une société ou les exigences de transparence se font plus pressentes, mieux gérer l’argent public et rendre des comptes sur son utilisation sont des impératif prégnants en période de rigueur budgétaire. Pour parler en terme simple en répondant à votre question, je vous dirais que notre pays est comme un navire dans la tempête, il est tel un bouchon qui flotte sur l’océan au gré des des vents et des courants, soumis à toutes les tempêtes venant des pays émergents. Notre cher et beau pays le Gabon ressemble aujourd’hui à un navire sans cap, prenant de l’eau de toutes parts, trop chargé inutilement, avec un pan de l’exécutif sans trop d’espoir et à bout de souffle. Il importe que le Chef de l’Etat change de paradigmes, donne un vrai cap au bateau Gabon, fasse vider l’eau dans les cales et redonne confiance par un nouveau management qui créerait les conditions d’un nouveau modèle de croissance économique innovante voire un nouveau modèle économique bâti sur l’entreprise, ce qui rendrait attrayant notre pays aux investisseurs potentiels. Ne pas tenir compte de ces réalités serait une catastrophe pour notre car le risque de mutinerie ou de naufrage n’est pas loin. C’est l’économie qui tire le social et non l’inverse. La tension sociale permanente qui secoue notre Gabon d’abord résume dès cet instant les propos des deux ministres. Je pense à mon avis qu’il y a lieu de concilier l‘économique et l’humain pour un pacte vers la croissance et l’emploi. Le paiement de la dette de l’Etat vis à vis des entreprises et particulièrement les PME au lieu de les asphyxier. Ceci contribuerait à relever tous les défis économiques qui s’opposent à nous.
Ginerws: votre mot de fin !
Francis Jean Jacques EVOUNA : Je voudrais conclure en disant que le traitement anti patriotique que le gouvernement réserve de façon incompréhensible dans le cadre du règlement de sa dette vis à vis des entreprise PME qui sont des véritables moteurs de croissance, de création de richesses et d’emplois pour tous les pays qui aspirent à l’émergence n’est pas de nature à atteindre les objectifs de la politique économique qui sont : la croissance, l’emploi, la stabilité des prix et l’équilibre des comptes. Aussi au cours de ces huit dernières années, l’efficacité des politiques économiques est douteuse.
La rédaction